Nvidia Corporation (NASDAQ:NVDA), fabricant de puces graphiques et chouchou des investisseurs, a indiqué dans un dépôt auprès de la Securities and Exchange Commission mercredi que l’administration Biden a mis en place des mesures qui empêchent la vente des puces A100 et H100 à la Russie et à la Chine, avec effet immédiat.
Un « mauvais tour de 2 milliards de dollars »
Les restrictions sur les puces H100 et A100 de Nvidia – utilisées pour accélérer les opérations d’apprentissage automatique – marquent le renforcement de la répression américaine contre la puissance technologique de Pékin.
Dans le dossier, Nividia a précisé s’attendre à une perte de 400 millions de dollars, soit 10,6 % de son activité de centre de données et 6,8 % de son chiffre d’affaires global du troisième trimestre, en raison des récentes limitations.
« Selon mes estimations, cela pourrait entraîner une perte de 2 milliards de dollars en 2023 », a déclaré jeudi à Benzinga Stephanie Link, directrice informatique et gestionnaire de portefeuille chez Hightower Advisors.
« Les marchés détestent l’incertitude et celle-ci n’est pas négligeable pour une action très appréciée. Actuellement, 37 analystes vendeurs ont acheté cette action (12 l’ont conservée, 1 l’a vendue). De plus, le titre n’est pas bon marché, car il est évalué à 38 fois les estimations à terme, qui d’ailleurs sont en baisse ».
Il y a-t-il une échappatoire ?
Les analystes de KeyBanc Capital Markets ont publié une note mercredi, après l’annonce de Nvidia, qui offre une lueur d’espoir.
L’entreprise technologique chinoise Huawei a été confrontée à des restrictions similaires il y a plusieurs années et a pu compenser ses pertes avec des produits non réglementés par cette exigence, explique KeyBanc.
Thomas Hayes, président et directeur général de Great Hill Capital, a affirmé que cela pourrait également être le cas pour Nvidia.
« On s’attend à ce que la firme trouve une échappatoire, car les puces en question ne sont pas facilement transposables à une application militaire », ajoutant que, malheureusement, pour l’instant, on semble employer la tactique du « tirer d’abord, poser des questions ensuite ».
Les investisseurs quittent le champ
Les actions de Nvidia ont fait l’objet d’une maxi-liquidation jeudi ; le cours du titre avait chuté de 11 % à la mi-journée, les investisseurs évaluant les défis imprévus que les limitations des exportations vont poser à l’entreprise.
« Les incertitudes concernant le calendrier d’obtention d’une licence, ainsi que l’impact sur le chiffre d’affaires, sont réelles », a commenté Mme Link.
« Les semi-conducteurs sont dans une situation difficile avec des commandes doubles et triples en cours (en raison des contraintes d’approvisionnement) et la faiblesse de certains marchés finaux (notamment les jeux et les PC). Cette nouvelle, hélas, ne va pas arranger le sentiment négatif. Prudence ! », a-t-elle conclu.
Dans un communiqué publié jeudi, Nvidia a fait savoir que, jusqu’au 1er mars 2023, les autorités américaines lui avaient accordé l’autorisation d’effectuer les exportations nécessaires pour soutenir les clients de l’A100 aux États-Unis.
En outre, la firme a déclaré que, jusqu’au 1er septembre 2023, le gouvernement avait accordé l’autorisation d’utiliser ses installations de Hong Kong pour répondre aux commandes de puces.
Un tout dernier mot
Jay Goldberg, PDG de D2D Advisory, estime que cette interdiction marque l’escalade des tensions entre Washington et Pékin en matière d’accès aux technologies de pointe.
« Nous passons d’empêcher certaines entreprises américaines de fournir leurs clients chinois, comme c’était le cas avec Huawei, à l’interdiction de la vente tout court », a dit M. Goldberg.
Selon les experts, les nouvelles restrictions toucheront les plus grandes entreprises technologiques du pays, notamment Alibaba Group Holding Ltd (NYSE:BABA) et Baidu Inc (NASDAQ:BIDU).
Le processeur graphique Nvidia H100. Photo de courtoisie.