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Dans la danse complexe de la technologie et du commerce mondiaux, les derniers mouvements de Pékin révèlent une stratégie à la fois familière et de plus en plus affirmée. Nous voyons un gouvernement déterminé à assurer sa domination technologique, même au risque de compromettre ses propres champions d’entreprise. Cette stratégie se déploie sur deux fronts critiques de l’énergie verte : une manœuvre défensive visant à restreindre l’exportation de sa technologie de pointe en matière de batteries pour véhicules électriques, et une offensive déterminée à conquérir le marché des piles à combustible à hydrogène, un secteur dans lequel l’Occident a longtemps eu du mal à trouver ses marques.
Pékin a récemment dévoilé de nouvelles restrictions visant l’exportation des principales technologies de batteries pour véhicules électriques, ce qui est un signe clair de son intention de protéger un avantage compétitif durement acquis. Il est important de noter que ces mesures émanant du ministère chinois du Commerce et du ministère des Sciences et Technologies visent la technologie elle-même et non les produits finis. Les batteries et l’équipement de fabrication d’origine chinoise peuvent toujours être expédiés librement, mais le savoir-faire sous-jacent est désormais soumis à un contrôle de l’État.
Nous pensons qu’il s’agit d’une réaction directe à la tendance de diversification des chaînes d’approvisionnement « Chine plus un » et à la guerre commerciale géopolitique plus large. C’est une tentative de garder le plus longtemps possible les parties les plus précieuses de la technologie à l’intérieur de la Chine, ralentissant ainsi le développement des écosystèmes concurrents dans d’autres pays. C’est, dans une certaine mesure, un mouvement attendu compte tenu du contexte actuel de représailles mutuelles. Cependant, nous pensons que cette stratégie est finalement à court terme. Comme nous l’avons vu avec les terres rares, de telles mesures protectionnistes créent inévitablement les conditions nécessaires au développement de technologies, de matériaux et de savoir-faire alternatifs ailleurs. Les États-Unis intensifient déjà leurs efforts pour exploiter les minéraux critiques, et des pays allant de l’Australie à l’Asie du Sud-Est s’apprêtent à faire de même.
De plus, cette politique semble se retourner contre les propres entreprises de Chine. Les principaux fabricants comme CATL (3750.HK ; 300750.SZ) se développent agressivement à l’étranger, en construisant des usines dans des pays comme la Hongrie pour desservir les constructeurs automobiles européens et en tentant d’établir une présence aux États-Unis. S’ils leur est interdit d’utiliser leur technologie la plus avancée dans ces nouvelles installations, ils risquent d’être handicapés sur le marché mondial. Si l’avantage actuel de la Chine réside dans ses immenses volumes de production, que ses concurrents japonais, coréens et américains ne sont pas encore en mesure d’égaler, cette mesure ne permettra peut-être d’acheter que quelques années de leadership. À long terme, si la technologie est critique, des solutions alternatives seront développées, et il ne faut pas oublier que l’espionnage commercial pratiqué par la Chine par le passé n’a jamais été à sens unique.
Un pari risqué sur l’hydrogène
Alors que Pékin joue la carte défensive avec les batteries, il lance une offensive à grande échelle dans un autre secteur de l’énergie verte : l’hydrogène. L’histoire, ici, est celle du potentiel par rapport à la performance. Il y a des cas, comme Shanghai Refire (2570.HK), l’un des principaux fabricants chinois de piles à combustible à hydrogène, qui laissent dubitatifs. Les revenus de l’entreprise ont chuté de 10 % au cours du premier semestre de cette année, ce qui est inquiétant pour une entreprise d’un secteur censé connaître une croissance élevée. Les rapports financiers de Refire regorgent de références au fort soutien politique de Pékin, mais les résultats commerciaux n’ont pas encore été au rendez-vous.
Cela soulève une question cruciale pour les investisseurs : comment aborder une entreprise qui bénéficie d’un immense soutien gouvernemental de la part de Pékin, mais qui opère dans un secteur dont la viabilité commerciale reste à prouver ? Nous pensons que la clé est de comprendre que la politique industrielle nationale en Chine ne garantit pas le succès des entreprises individuelles. Il suffit de regarder l’industrie des puces, dans laquelle Pékin a investi de l’argent pendant plus de dix ans, pour voir les affres des investissements gaspillés et de la corruption qui ont précédé les véritables percées technologiques. Les investisseurs chinois s’inspirent souvent des déclarations officielles et de la mobilisation de masse qu’elles déclenchent, mais le seul soutien politique ne suffit pas.
L’Occident travaille sur l’hydrogène depuis plus de 20 ans sans grand résultat. La Chine peut-elle réussir là où d’autres ont eu du mal ? Nous pensons que c’est possible, pour deux raisons. Premièrement, Pékin a montré sa volonté d’investir des sommes d’argent considérables sur une longue période. Deuxièmement, il dispose de la stamina politique nécessaire pour jouer sur le long terme jusqu’à ce qu’il réussisse, soit en devenant le leader incontesté, soit en attendant que ses adversaires abandonnent. De nombreuses entreprises occidentales, redevables à des actionnaires qui exigent des retours trimestriels, n’ont tout simplement pas la capacité d’investir sur une durée aussi longue.
Cela ne veut pas dire que l’Occident est hors course. Il y a des cas de sociétés japonaises, telles que Toyota (7203.T), et de sociétés européennes, telles que BMW (BMW.DE), qui continuent d’investir dans la technologie des piles à combustible, convaincues de son avenir. Aux États-Unis, nous pensons qu’il y aura finalement un regain d’intérêt, en particulier pour l’industrie du camionnage, où l’hydrogène présente des avantages significatifs. Il sera intéressant de voir si la simple volonté de la Chine et de son modèle d’investissement dirigé par l’État pourront dominer cette industrie, ou si les entreprises occidentales parviendront d’une manière ou d’une autre à rester dans le ring.
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