Quand le président Donald Trump a lâché un gros mot pour répondre aux questions des médias à propos d’un incident dans le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran le 24 juin prochain (déclarant que les deux pays “ne savent pas ce qu’ils foutent”), le président de la première puissance mondiale n’a pas bronché, ni reculé, ni présenté d’excuses. Mais derrière les gros titres et les vidéos virales se cache un schéma psychologique plus profond qui explique bien plus qu’une simple explosion.
Selon un expert, ce moment n’était pas un faux pas, il s’agissait du classique Trump : une réponse spontanée, émotionnellement alimentée par un réflexe d’un leader dont la réflexion est dominée par des réflexes plutôt que par la réflexion.
Trump pourrait être un penseur de type « système 1 »
Le psychologue Geoff Beattie, qui écrit pour The Conversation, affirme que le comportement de Trump correspond à un cadre psychologique bien établi : la façon de penser de ce que le psychologue lauréat du prix Nobel Daniel Kahneman décrit comme étant la pensée “système 1”. Ce système est rapide, émotionnel, automatique et intuitif. C’est la partie du cerveau qui réagit sans délai, optimisée pour la survie, mais non pour la diplomatie.
Le système 1 est un véritable acharné, d’après ce qu’a écrit Kahneman dans son best-seller de 2011 intitulé “Thinking, Fast and Slow”. Il produit des jugements instantanés, souvent non vérifiés par le “système 2”, plus lent et plus rationnel, système qui nécessite des efforts et une réflexion délibérée pour être mobilisé. La prise de décision efficace, affirme Kahneman, dépend du fait que le système 2 révise et annule parfois les réactions impulsives du système 1. Mais tout le monde n’a pas forcément ces freins intégralement engagés.
Et c’est là que Trump entre en scène.
Beattie, qui est professeur de psychologie à l’université Edge Hill au Royaume-Uni, observe que le style de prise de décision de Trump reflète systématiquement ce schéma : réactif, rapide et chargé émotionnellement — ce que beaucoup associent à “l’instinct”. Au sein de ses entreprises et de sa présidence, Trump a souvent privilégié une action rapide à une analyse minutieuse. Ce style peut enthousiasmer les supporters en signalant force et authenticité, mais il peut aussi dégénérer en une certaine volatilité, comme lors du briefing du 24 juin.
Canaliser l’émotion brute dans la parole publique
Ce type d’expression émotionnelle brutale a des précédents dans le domaine de la psychologie. Dans les années 1930, des chercheurs ont proposé l’hypothèse frustration-agression, selon laquelle lorsqu’un individu est bloqué dans la réalisation de ses objectifs, la frustration résultante peut se manifester sous forme d’agression. Bien que ce modèle soit désormais considéré comme trop simpliste, il offre une vision intéressante : l’excrétion de Trump, qui est survenue après qu’un cessez-le-feu qu’il avait négocié ait volé en éclats en moins de 24 heures, constitue un cas aigu de confrontation entre les attentes diplomatiques et les réalités moyen-orientales.
Mais ce qui rend Trump unique, note Beattie, est que ce n’est pas seulement qu’il se soit mis en colère. C’est qu’il a canalisé sa frustration directement dans une prise de parole publique, en contournant les filtres sur lesquels la plupart des dirigeants s’appuient. Le résultat ? Un moment de clarté pour sa base de partisans, et du chaos pour ses conseillers.
Ce moment remet également en cause les normes en matière de langage et de comportement présidentiels. Alors que les présidents précédents pouvaient jurer à huis clos, la présidence Trump a effacé ces frontières. La question n’est pas de savoir si c’est “présidentiel” ou non, mais s’il s’agit d’une volonté délibérée, ou tout simplement d’un acte instinctif.
Alors pourquoi Trump a-t-il vraiment utilisé le gros mot ? Pas pour mettre l’accent. Pas pour faire avancer une stratégie. Mais parce que c’est ainsi que son esprit fonctionne sous pression : rapidement, émotionnellement, et sans aucune censure.
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