L’Union européenne rejoint l’effort mondial qui s’accélère en vue de sécuriser les les approvisionnements en minéraux essentiels. Sa dernière initiative reflète la stratégie américaine consistant à combiner prises de participation, développement national et partenariats ciblés dans des régions riches en ressources. Tandis que Pékin garde un œil attentif sur les contrôles à l’exportation, Bruxelles s’efforce de diversifier ses chaînes d’approvisionnement.
Maros Sefcovic, vice-président exécutif de la Commission européenne, en visite en Australie cette semaine, a déclaré que l’UE était prête à prendre des participations directes dans des projets australiens portant sur les minéraux essentiels.
“Nous avons procédé à la première sélection de ces projets dans lesquels nous allons déclarer notre intérêt officiel”, a déclaré Sefocvic aux journalistes de Reuters à Melbourne.
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Il a rencontré la ministre australienne des Ressources, Madeleine King, pour discuter des opportunités spécifiques et des modalités de financement. Ce voyage constitue un nouvel effort depuis l’effondrement, en 2023, de l’accord commercial précédent plus large – principalement en raison de la demande de Canberra d’élargir ses exportations agricoles.
L’UE publiera bientôt une liste de projets australiens, en s’appuyant sur la Banque européenne d’investissement et les banques nationales de développement pour le financement. L’initiative s’inspire du modèle japonais d’investissement stratégique en amont. Bruxelles estime que cette approche est essentielle pour sauvegarder les chaînes d’approvisionnement.
Parallèlement, l’élan de la production nationale commence à se faire sentir, en particulier en France. La deuxième plus grande économie de l’UE s’impose comme le principal centre d’extraction de terres rares du bloc.
À Lacq, dans le sud-ouest de la France, Carester, un spécialiste en ingénierie des procédés et en raffinage des terres rares, développe une capacité de séparation améliorée sur le plan environnemental et des opérations de recyclage des aimants.
Sa filiale Caremag construit une importante usine de séparation et de recyclage dont le lancement est prévu pour 2026. Le projet, soutenu par 216 millions d’euros (249 millions de dollars) de financements français et japonais, fournira des volumes importants d’oxydes de Dy/Tb, Nd et Pr, et ancrera la production européenne de terres rares lourdes. Bien qu’il n’y ait pas encore de projets d’introduction en bourse, les investisseurs surveillent de près la dernière collaboration de l’entreprise avec Brazilian Rare Earths Ltd. (OTC:BRELY) qui a fait grimper le cours de l’action de plus de 20 %.
Bruxelles a également signé un nouveau partenariat avec l’Afrique du Sud avant le sommet du G20 qui commence ce samedi 22 novembre.
“Nous avons besoin de ces intrants pour alimenter la transition vers une énergie propre ici même et en Europe”, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a précisé qu’il était prévu de traiter les minéraux dès leur extraction. Ainsi, le pays pourrait gravir les échelons de la chaîne de valeur au lieu de rester un simple exportateur de minerais bruts.
En fin de compte, un autre pilier central de la stratégie européenne est le recyclage. Dans le cadre de la loi sur les matières premières essentielles, l’UE vise d’ici 2030 à satisfaire 25 % de sa demande en minéraux essentiels grâce au recyclage. Cet objectif constitue une montée en puissance spectaculaire par rapport aux taux négligeables d’aujourd’hui, en particulier pour les terres rares.
Grâce à ces efforts, Bruxelles pourrait non seulement réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine, mais aussi construire une base industrielle résiliente et conforme aux objectifs climatiques de l’avenir.
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