Du banc du lycée au banc d’essai d’une startup web3. À seulement 17 ans, Gaspard Bonnot et ses amis développent un protocole qui vise à sécuriser les données confidentielles grâce à la blockchain. Rencontre.
Un projet créé par six lycéens
Lorsqu’il en a parlé à ses professeurs, à son grand étonnement, il n’y a eu aucune remontrance ni regard moqueur. Mais beaucoup de curiosité, une forte dose d’admiration et des encouragements. Ce qu’il mijote sur son temps libre dans sa chambre à Annecy (Haute-Savoie), Gaspard Bonnot, 17 ans, a fini par l’expliquer à son entourage (ou au moins essayer). Étudiant en filière informatique, le jeune entrepreneur est à la tête d’une startup web3, qu’il développe avec cinq autres copains de lycée.
Gaspard Bonnot, au centre avec deux de ses co-fondateurs.
Le projet se nomme DIV Protocol, pour Digital Identity Vault, un coffre-fort d’identité numérique qui s’adresse aux entreprises qui veulent sécuriser certaines données sensibles grâce à la blockchain. “On parle même dans notre cas d’ultra-sécurisation de la donnée, car notre protocole permet de la sceller, grâce à plusieurs couches de chiffrement et à un stockage sur la blockchain”.
D’autres startups établies occupent le même créneau, comme le projet Ternoa et ses capsules temporelles, ou encore l’entreprise KeeeX, à Marseille, qui protège les fichiers grâce au hash de la blockchain. Mais la recette maison de DIV Protocol fait l’objet de son propre dépôt de brevet.
Doué d’un sens entrepreneurial indéniable pour son âge, Gaspard a réussi à embarquer avec lui dix autres personnes à ce stade, dont deux ingénieurs indien et russe, des “white hat offensive”, autrement dit des cracks en cybersécurité.
Un token sur Ethereum, un logiciel et une application
Le protocole est bâti sur la blockchain Ethereum et a donné lieu à l’émission d’un token, le $DIV. Une vente de type IDO (Initial Dex Offering) aura lieu en mai prochain via un exchange décentralisé. Cette première levée de fonds servira à certifier le logiciel selon les normes ISO, très coûteuses, tandis qu’une application sur iOS et Android est d’ores et déjà en préparation. L’équipe est par ailleurs en contact avec plusieurs incubateurs de startups, dans le but de se structurer au niveau juridique.
Ancien stagiaire chez Galeon – ce projet français qui développe des solutions de sécurisation de la donnée médicale pour les hôpitaux, Gaspard n’en est pas à son premier coup d’essai en tant qu’entrepreneur. Sa première startup, un projet de covoiturage de jets privés, a été lancée alors qu’il n’avait que… 14 ans. “J’ai toujours eu cette fibre et cette volonté d’apporter de la valeur. Mais c’est aussi de famille, car mes deux parents sont chefs d’entreprises, et ma grand-mère fleuriste.”
L’industrie du nucléaire et de la finance, bientôt clientes ?
Les clients potentiels visés par DIV Protocol sont les professionnels du nucléaire, du notariat ou du secteur bancaire, qui sont au contact quotidien avec des données sensibles. D’ailleurs, après la parution récente d’un article dans un journal local, le téléphone du jeune CEO a chauffé. “J’ai reçu plusieurs demandes de structures qui aimeraient travailler avec nous, pour que nous puissions leur offrir un niveau de sécurité qu’elles ne peuvent pas avoir aujourd’hui.”
À plus long terme, Gaspard espère changer la donne en matière de gestion de la donnée au niveau mondial, en “redonnant la pleine possession à la personne, plutôt que de la laisser entre les mains de grands groupes”. Cela prendra sans doute du temps, “mais c’est un combat qu’il faut mener”. Et ça tombe plutôt bien, car Gaspard et ses associés, du temps, ils en ont devant eux.
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