Imaginez que vous pourriez emprunter un million de dollars instantanément et sans caution. Le tout se déroulerait de manière anonyme, et vous n’auriez pas besoin de prendre en charge ce prêt.
Ça a l’air fou ? C’est en bref le fonctionnement des prêts Flash. Dans le démimonde financier de la DeFi, ils sont tout à fait normaux et en plein essor – notamment en raison de leur facilité à effectuer des transactions d’arbitrage rentables.
Vous aurez besoin d’une position assez importante pour que cela en vaille la peine, mais les barrières à l’entrée sont faibles. Pas besoin de soutien institutionnel ou d’enregistrement auprès de la SEC. Avec un peu d’effort et les bons outils, n’importe qui peut y participer.
En un coup d’œil
- Les prêts Flash sont des transactions DeFi sans confiance qui permettent aux utilisateurs d’emprunter des fonds sans fournir de garantie.
- Les traders peuvent les utiliser pour identifier des opportunités d’arbitrage sur les échanges décentralisés (DEX).
- Pour avoir accès à un pool de liquidité d’un fournisseur de prêts Flash comme Aave (AAVE), vous devrez mettre en place un contrat intelligent compatible avec son protocole.
- Il y a quelques barrières. La complexité technique peut être rebutante, et les opportunités proviennent de différences de prix minimes. Vous aurez besoin de connaissances, d’outils et de la capacité à agir rapidement.
Quels sont les prêts flash ?
Les prêts flash permettent aux utilisateurs de la DeFi d’emprunter des cryptomonnaies à partir d’un pool de liquidité on-chain. Il n’y a pas de demande à remplir et aucune garantie à fournir. Le capital doit simplement être restitué au pool dans le cadre de la même transaction blockchain (plus des frais).
Si l’emprunteur ne le fait pas, la transaction est complètement annulée. Le risque de défaut est nul. Les utilisateurs ont un plus grand accès aux actifs sans compromettre la solvabilité du pool de liquidité on-chain.
Des pratiques impensables dans la finance traditionnelle sont une réalité quotidienne dans la DeFi, et pour les traders particuliers, cela crée des opportunités. Lancés pour la première fois sur le protocole DeFi d’Aave en 2020, des plateformes comme dYdX, Equalizer Finance, Uniswap, SushiSwap et DeFiSaver se sont toutes mises à proposer la possibilité de prêts flash.
Comment fonctionne l’arbitrage avec les prêts flash ?
Les transactions blockchain se résolvent généralement en quelques secondes, de sorte que les cas d’utilisation des prêts flash doivent être tout aussi rapides. Les transactions d’arbitrage sont l’un des cas d’utilisation les plus populaires.
Les transactions d’arbitrage de prêt Flash reposent sur des divergences de prix pour le même actif cryptographique sur différents échanges décentralisés.
Par exemple : imaginons que le prix de l’ETH sur Uniswap soit de 3000 $ – mais sur SushiSwap, il se négocie à 3001 $. Cela crée une opportunité d’acheter de l’ETH à un prix plus bas et de le revendre à un prix plus élevé.
Mais attention, vous devrez agir rapidement. L’arbitrage dépend de micro-écarts de prix et les opportunités sur le marché de la cryptomonnaie ne durent généralement que quelques secondes – les traders ont besoin d’un capital important et d’une exécution rapide pour réaliser une opération réussie.
Source : SoluLab
Les prêts flash peuvent vous fournir le capital nécessaire, et ils disposent de risques intégrés. Si vous ne les remboursez pas en totalité (plus les frais) à la fin de la transaction blockchain, tout est instantanément annulé.
Pensez à eux comme à des prêts de Schrödinger. S’ils génèrent un profit, ils existent réellement. S’ils ne le font pas, c’est comme s’ils n’avaient jamais existé.
Comment utiliser les prêts flash pour l’arbitrage
Pour utiliser les prêts flash pour l’arbitrage, vous aurez besoin d’une solide compréhension des fondamentaux de la DeFi, comme les smart contracts, d’une certaine familiarité avec le codage, et de connaître les mécanismes des transactions on-chain.
Ensuite, vous devrez accéder à un pool de liquidité des fournisseurs de prêts flash et à un smart contract qui interagit avec son protocole de prêt flash.
Si vous aviez choisi de créer un smart contract sur Aave v3, par exemple, vous auriez deux options de configuration :
- flashLoan () : Cette fonction permet aux utilisateurs d’accéder à la liquidité sur plusieurs réserves sur Aave en une seule transaction.
- flashLoanSimple () : Cette fonction permet aux utilisateurs d’accéder à la liquidité d’une seule réserve.
Voici un exemple simplifié basé sur la documentation des prêts flash d’Aave :
- Ensuite, il est configuré pour utiliser la commande flashLoan () ou flashLoanSimple () pour demander un prêt flash d’un montant spécifié.
- Après vérification, le pool Aave transfère le montant demandé au smart contract.
- La fonction executeOperation () exécute ensuite votre logique personnalisée prédéfinie pour l’opération d’arbitrage (par exemple acheter 10 000 ETH sur Uniswap et les vendre sur SushiSwap).
- Ensuite, vous approuvez le remboursement du prêt flash plus les frais.
Le processus en plusieurs étapes se déroule en une seule fois. Si une partie de la transaction n’est pas concluante, l’ensemble de l’opération est annulé.
Comment tirer profit de l’arbitrage avec les prêts flash
Commencez par identifier une divergence de prix avec un logiciel de surveillance spécialisé qui vérifie en permanence les prix sur divers DEX pour détecter des opportunités d’arbitrage.
Disons que vous trouvez que le DOGE est évalué à 0,5 $ sur Uniswap et à 0,6 $ sur SushiSwap. Voici les étapes à suivre :
Lancement du prêt flash
Votre smart contract lance un prêt flash dans lequel vous empruntez 500 000 $ en stablecoins USDC.
Acheter au plus bas
Le smart contract de prêt flash achète pour 500 000 $ de DOGE à 0,5 $ sur Uniswap, pour un total de 1 million de jetons DOGE.
Vendre au plus haut
Votre smart contract de prêt flash vend ensuite immédiatement les 1 million de jetons DOGE à 0,6 $ le jeton sur SushiSwap, pour un profit net (avant frais) de 100 000 $.
Remboursement
Vous approuvez le remboursement du prêt flash et les frais. Aave v3 facture des frais de 0,05 % sur le montant du prêt, ce qui équivaut à 25 000 $ dans ce cas. Vous remboursez 525 000 $ et vous gardez les 75 000 $ restants en tant que bénéfice net.
Liquidation du prêt
Les protocoles de prêt de crypto décentralisés incitent les acteurs du marché tiers à liquider les prêts malsains en remboursant le prêt au nom de l’emprunteur.
Lorsque la valeur marchande des garanties d’un prêt passe en dessous d’un certain seuil, le protocole de prêt permet aux tiers d’acheter les garanties et de liquider le prêt.
En tant que liquidateur, vous êtes incité à acheter les garanties à un prix réduit. Vous pouvez également recevoir des frais appelés bonus de liquidation.
Prêts flash et cybersécurité
Les prêts flash ont été utilisés par des pirates pour attaquer les protocoles DeFi. Une fois une vulnérabilité du protocole découverte, les attaquants peuvent parfois utiliser des prêts flash pour saper des fonctions de protocole spécifiques.
Dans un exemple très médiatisé, la plateforme DeFi de minage de rendement Alpha Homora a perdu environ 37 millions de dollars lorsque des pirates ont utilisé des prêts flash pour emprunter des cryptomonnaies, puis manipuler leurs prix sur la plateforme. Ils ont rapidement ouvert et liquidé des positions, puis exécuté instantanément des transactions qui ont profité des changements de prix résultants.
La conclusion
Les choses ne se passent pas toujours comme prévu. En 2023, un bot d’arbitrage blockchain a effectué une série de transactions Ethereum sophistiquées à l’aide d’un prêt flash de 200 millions de dollars – pour un bénéfice net de seulement 3,24 dollars. Les analystes d’Arkham Intelligence ont déclaré que le bot était configuré pour valider n’importe quelle transaction qui engendrait un profit, même si le gain net était minuscule.
Cela souligne le fait que tout aspirant arbitragiste de la DeFi devrait s’attendre à se familiariser avec les commandes de programmation des smart contracts ou envisager d’utiliser des plateformes sans code comme Defi Saver. Un contrôle précis sur les paramètres prédéfinis du contrat pourrait faire la différence entre un profit… ou moins de profit.
Il y a d’autres risques. Les risques techniques incluent les vulnérabilités des smart contracts et l’incertitude concernant l’inclusion opportune des blocs. Il y a aussi des risques économiques dus à la volatilité des frais gaz et aux pratiques changeantes de valeur extractible maximale (MEV) utilisées par les valideurs de blocs.
Au fur et à mesure que de nouveaux modèles d’exécution on-chain et off-chain émergent, attendez-vous à ce que l’arbitrage avec les prêts flash devienne plus sûr, plus efficace et plus accessible aux nouveaux venus.