La course sud-coréenne à la construction d’une cryptomonnaie stable adossée au won a pris de l’ampleur aujourd’hui, KakaoBank marquant sa transition de la phase de planification à celle de développement actif, tandis que Naver, géant rival de la tech, a officiellement confirmé une fusion de 10,3 milliards de dollars avec la plus grande bourse de cryptomonnaies du pays.
L’enjeu dépasse de loin la simple compétition entre entreprises. La Corée du Sud organise l’un des défis les plus agressifs d’Asie à l’hégémonie du dollar américain dans la finance numérique, avec la possibilité pour presque tous ses citoyens d’accéder à des stablecoins en won via des plateformes qu’ils utilisent déjà quotidiennement.
Les géants de la tech font avancer l’infrastructure
KakaoBank Corp. (KRX : 323410) a commencé à recruter des développeurs blockchain aujourd’hui, ce qui signifie que son projet de stablecoin est entré dans sa phase de construction. Les offres d’emploi du site officiel de la banque recherchent une expertise en contrats intelligents et normes de tokens. En juin, KakaoPay a déposé 6 demandes de droits d’auteur pour des symboles de ticker de stablecoin, notamment PKRW, KKRW et KRWP. Avec 42 millions de membres dans un pays de 51,7 millions d’habitants, la portée de KakaoPay pourrait permettre une adoption rapide à l’échelle nationale.
Le géant rival Naver a confirmé aujourd’hui avoir finalisé une fusion par échange d’actions avec Dunamu, l’opérateur d’Upbit, la place dominante d’échange de cryptomonnaies en Corée du Sud. NaverPay compte 30 millions d’utilisateurs mensuels, ce qui positionne l’entité combinée pour distribuer instantanément des stablecoins via les réseaux existants.
Une volonté présidentielle de souveraineté monétaire
Le président Lee Jae-myung a fait du développement d’une cryptomonnaie stable en won une initiative politique clé, en le présentant comme essentiel pour protéger la souveraineté monétaire contre les stablecoins dominants adossés au dollar américain comme Tether (CRYPTO: USDT) et USD Coin (CRYPTO: USDC).
Des millions de Sud-Coréens utilisent déjà des stablecoins libellés en dollars, ce qui revient à exporter des capitaux et à saper le rôle du won dans les transactions numériques. Les stablecoins transforment le fonctionnement des marchés mondiaux, avec une clarté réglementaire et une distribution des rendements favorisant leur adoption dans le monde entier.
Les lignes de bataille réglementaires
La Banque de Corée insiste sur le fait que les banques doivent détenir au moins 51 % de tout émetteur de stablecoin. Cette position a suscité un retour de bâton de la part des sociétés de technologie qui veulent un accès direct au marché.
Plusieurs projets de loi sur les stablecoins ont été proposés à l’Assemblée nationale coréenne, mais les progrès législatifs ont été bloqués. KakaoBank occupe une position unique en tant que banque agréée soutenue par un conglomérat technologique, pouvant potentiellement satisfaire à la fois les régulateurs et les innovateurs. Huit grandes banques, dont KB Kookmin, Woori, Shinhan et Hana, préparent des projets de stablecoins adossés au won dont le lancement est prévu pour fin 2025 ou début 2026.
Potentiel d’adoption massive
Les chiffres sont frappants. Les 42 millions de membres de KakaoPay et les 30 millions d’utilisateurs mensuels de NaverPay représentent la majorité de la population sud-coréenne. Si des stablecoins en won étaient lancés sur ces plateformes, leur adoption pourrait être immédiate et généralisée.
Cela contraste fortement avec les marchés occidentaux, où les cas d’utilisation des stablecoins restent concentrés sur le trading de cryptomonnaies plutôt que sur les paiements grand public. Comme l’ont souligné les panélistes lors du Fintech Day de Benzinga, les stablecoins changent la façon dont le capital se déplace en permettant un financement instantané des comptes.
La compétition mondiale s’accélère
La poussée sud-coréenne intervient alors que la concurrence en matière de monnaie numérique s’intensifie dans le monde entier. En juillet 2025, les États-Unis ont adopté la loi GENIUS, établissant une surveillance fédérale des stablecoins adossés au dollar américain. Le Japon se prépare à approuver son premier stablecoin libellé en yen.
Les institutions de la finance traditionnelle s’immiscent aussi dans le domaine. BlackRock Inc. (BLK) a lancé un fonds du marché monétaire repensé et aligné sur les nouvelles réglementations, tandis que Citigroup Inc. (C) a investi dans BVNK, une société basée au Royaume-Uni, afin de se positionner sur un marché que les analystes estiment pouvoir atteindre 1,9 billion de dollars d’ici 2030.
Le passage de KakaoBank au développement actif suggère qu’un lancement de stablecoin pourrait se concrétiser d’ici 12 à 18 mois. Un succès démontrerait comment les pays peuvent tirer parti de la technologie blockchain pour renforcer leur souveraineté monétaire plutôt que de la céder à des devises étrangères.
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