La Chine intensifie considérablement ses restrictions sur les géants européens des télécommunications, Nokia (NYSE: NOK) et Ericsson (NASDAQ: ERIC), en soumettant leurs offres pour les contrats d’infrastructures critiques à des examens de sécurité nationale prolongés.
Ce mouvement agressif, rapporté par le Financial Times ce jeudi, signale la volonté accélérée du président Xi Jinping de découpler le système technologique vital du pays des fournisseurs occidentaux.
La réglementation plus stricte a fait payer un lourd tribut à la présence des deux entreprises sur le territoire.
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Leur part de marché combinée dans les réseaux mobiles chinois est tombée à seulement 4 % en 2024, soit une forte baisse par rapport à 12 % en 2020, selon les données du Dell’Oro Group.
Les deux sociétés ont signalé une érosion significative de leurs revenus, avec Nokia, par exemple, qui a enregistré une baisse des ventes à deux chiffres depuis 2023.
Examen de sécurité obligatoire
Les acheteurs d’équipements informatiques soutenus par l’État, comprenant les opérateurs mobiles, les services publics et d’autres industries clés, examinent désormais de manière agressive les offres étrangères.
Cette vigilance accrue oblige les fournisseurs européens à soumettre leurs contrats à des contrôles obligatoires de sécurité nationale supervisés par l’Administration du cyberespace de Chine (CAC).
Le CAC mène des examens “boîte noire” des technologies étrangères, notamment les équipements de télécommunications des entreprises comme Nokia et Ericsson, afin de faire respecter ses réglementations en matière de cybersécurité.
Ce processus est appelé “boîte noire” car les critères et les méthodologies sont opaques, et les entreprises concernées ne sont pas informées de la manière dont leurs produits sont évalués.
Ces examens du CAC, intensifiés suite à une mise à jour de la loi chinoise sur la cybersécurité en 2022, peuvent durer trois mois ou plus et ne révèlent que rarement leur mode d’évaluation spécifique des équipements.
Les acheteurs d’État exigent désormais une documentation exhaustive, y compris des analyses détaillées des composants pour chaque système.
Ces tensions sino-européennes dans le domaine des télécommunications sont enracinées dans la rivalité technologique plus large entre les États-Unis et la Chine, qui a vu les entreprises chinoises, notamment Huawei, faire des progrès significatifs dans les infrastructures 5G à l’échelle mondiale.
Washington a constamment fait pression sur ses alliés européens pour qu’ils interdisent aux fournisseurs chinois d’accéder à leurs réseaux, invoquant des motifs d’espionnage et de sécurité.
Les frictions géopolitiques ont escaladé suite aux sanctions américaines sur la technologie des semi-conducteurs après que la pandémie de 2020 a perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Une lutte géopolitique à double face
Cependant, la pression n’est pas à sens unique. Huawei et ZTE ont toujours une présence importante en Europe, détenant collectivement environ 30 à 35 % du marché des infrastructures mobiles, l’Allemagne s’approvisionnant à 59 % auprès d’entreprises chinoises pour son matériel 5G installé, par exemple.
Simultanément, les États-Unis font pression sur les sociétés chinoises de télécommunications opérant sur le marché américain. Des rapports datant de juin 2024 ont indiqué que l’administration Biden enquêtait sur China Mobile, China Telecom et China Unicom pour le potentiel usage abusif des données américaines.
Bien qu’ils ne soient déjà plus autorisés à offrir des services Internet et téléphoniques de détail aux États-Unis, ces sociétés pourraient néanmoins avoir accès aux données américaines en acheminant le trafic Internet de gros et en offrant des services cloud.
Le mouvement des prix : Jeudi, dans les échanges avant l’ouverture du marché, les actions de Nokia avaient progressé de 1,24 % à 4,880 dollars, après avoir gagné près de 9 % depuis le début de l’année. Le titre d’Ericsson avait grimpé de 0,72 %, enregistrant une hausse de 3,5 % depuis le début de l’année.
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