Dans un défi juridique significatif qui pourrait remodeler l’avenir de la politique de santé publique aux États-Unis, une puissante alliance entre les principales organisations médicales et de santé publique, notamment l’Académie américaine de pédiatrie (AAP), le Collège américain de médecins (ACP) et l’Association américaine de santé publique (APHA), a déposé lundi une plainte contre le secrétaire à la santé et aux services sociaux Robert F. Kennedy Jr.
Les demandeurs soutiennent que le secrétaire Kennedy a lancé une “attaque contre la science, la santé publique et la médecine fondée sur des preuves” à travers des modifications unilatérales et arbitraires des recommandations relatives au vaccin Covid-19 pour les enfants et les individus enceintes.
Cetteaction en justice sans précédent vise à stopper ce que la coalition décrit comme une “menace existentielle à la vaccination en Amérique”, soutenant que les instructions de Kennedy, y compris le licenciement controversé des conseillers experts du comité de vaccination du CDC, mettent en danger l’infrastructure de vaccination fondée sur la science et de longue date du pays et, de manière critique, la santé des populations les plus vulnérables.
Détails de la plainte et allégations
La plainte complète, déposée devant le tribunal de district des États-Unis pour le district du Massachusetts, nomme le Département américain de la Santé et des Services sociaux (HHS) et le secrétaire Robert F. Kennedy Jr. comme défendeurs. Les demandeurs, qui incluent également la Société américaine des maladies infectieuses (IDSA), l’Alliance de santé publique du Massachusetts (MPHA), la Société de médecine materno-fœtale (SMFM) et une médecin enceinte, affirment que Kennedy a agi “de manière arbitraire et capricieuse” en modifiant les recommandations relatives au vaccin Covid-19 pour les enfants et les personnes enceintes sans base scientifique.
Cela fait suite à la déclaration publique du secrétaire Kennedy en mai, où il a exprimé sa satisfaction sur la suppression du vaccin Covid-19 pour les enfants en bonne santé et les femmes enceintes dans les calendriers de vaccination recommandés par le CDC.
Il est à noter que l’un des aspects critiques de la plainte est le licenciement prétenduement injuste par le secrétaire Kennedy de17 membres du Comité consultatif sur les pratiques de vaccination du CDC (ACIP) des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Ces experts auraient été remplacés par des personnes connues pour leurs points de vue anti-vaccins.
Le Dr Susan J. Kressly, président de l’AAP, a souligné la gravité de ces actions, déclarant : « Il ne s’agissait pas simplement de mettre la science de côté. C’est une attaque contre les bases mêmes de la manière dont nous protégeons les familles et la santé des enfants. Et les conséquences pourraient être dangereuses. »
La plainte détaille en outre un schéma d’ingérence, comprenant des communications bloquées de la part du CDC, des réunions retardées ou annulées des conseillers du CDC et de la Food and Drug Administration (FDA) sur les vaccins, et l’annonce d’études pour enquêter sur des liens inexistants entre les vaccins et l’autisme.
Demande de mesures provisoires et protection de la santé publique
Les demandeurs demandent à la fois des mesures provisoires et permanentes pour annuler les révocations des recommandations du secrétaire Kennedy en matière de vaccin Covid-19. Ils demandent également une déclaration judiciaire pour prononcer légalement ces changements comme étant illégaux. Richard H. Hughes IV, avocat principal des demandeurs et associé du cabinet Epstein Becker Green, a exprimé des craintes profondes, affirmant : « Cette administration est une menace existentielle pour la vaccination en Amérique, et ceux qui sont au pouvoir ne font que commencer. Si on ne leur met pas de bâtons dans les roues, le secrétaire Kennedy atteindra son objectif de se débarrasser des vaccins aux États-Unis, ce qui déclencherait une vague de dommages évitables sur les enfants de notre pays. »
La plainte allègue que la directive n’est qu’un exemple de l’agenda du secrétaire pour démanteler l’infrastructure de vaccination fondée sur la science et les preuves, qui est précédemment autorisée par le Congrès et qui a empêché la mort de millions d’Américains. L’acte de saisine souligne que le démantèlement de l’infrastructure de vaccination du secrétaire doit cesser, et que l’arrêt de cette effort commence par la révocation de la directive.
Désaccords internes de la FDA et actions en justice historiques
Selon un récent rapport, Dr. Vinay Prasad, le plus haut responsable de la vaccination de la Food and Drug Administration (FDA), a rejeté les recommandations de l’agence visant à approuver les demandes de deux vaccins Covid-19, bien qu’elle ait recommandé de les approuver pour une utilisation plus généralisée.
Les scientifiques de la FDA avaient recommandé une approbation complète pour les vaccins Covid de Novavax Inc. (NASDAQ:NVAX) et de Moderna Inc. (NASDAQ:MRNA) pour les personnes de 12 ans et plus, citant des analyses favorables du rapport risques-avantages.
Mais le Dr Prasad a restreint la vaccination aux personnes à risque plus élevé, aux personnes âgées et aux personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents, arguant que la baisse du nombre de taux d’hospitalisation et de décès dus à la Covid-19 avait modifié l’équilibre des risques et des avantages.
Bien que distincte de la plainte déposée contre le HHS, ce rapport souligne un climat plus large de surveillance et de débat entourant la politique de vaccination.
L’AAP a une longue histoire de poursuite d’actions en justice contre le gouvernement fédéral, indépendamment de son appartenance politique. Parmi les actions en justice menées par le passé, on peut citer une plainte de 1983 contre le HHS concernant le traitement vital des nourrissons, des actions distinctes contre la FDA en 2016 et 2018 concernant des avertissements graphiques sur les cigarettes et la réglementation des cigarettes électroniques, respectivement.
Mouvement des prix : MRNA est en hausse de 11 % à 33,18 $, et NVAX est en hausse de 6,61 % à 7,05 $ lors de la dernière vérification mardi.
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