L’or est sur la voie d’une de ses meilleures performances des 50 dernières années, ne devançant que le rallye de 1979. Après près de trois trimestres, le métal jaune est en hausse de plus de 43 %, les investisseurs cherchant à se protéger contre les risques géopolitiques et monétaires.
“Si nous entrons vraiment dans une ère de domination fiscale où la politique monétaire est simplement plus souple qu’elle ne devrait l’être, alors le dollar perdra une partie de son statut de réserve et l’or et le bitcoin se trouveront de l’autre côté de cet échange”, a déclaré à Bloomberg TV Jurrien Timmer, directeur du département macroéconomie mondiale chez Fidelity Investments.
Cependant, malgré ces risques et le succès évident du métal, les allocations institutionnelles restent faibles. La dernière enquête mondiale auprès des gestionnaires de fonds, menée par Bank of America, a interrogé 165 allocateurs supervisant 426 milliards de dollars. Les données, recueillies lors de la deuxième semaine de septembre, ont montré que les gestionnaires de fonds restent fortement concentrés sur les actions, en particulier dans le secteur de la technologie, l’exposition à l’or ne représentant que 2,4 %.
Quelque 39 % des personnes interrogées ont déclaré ne pas avoir d’exposition, tandis que seulement 6 % d’entre elles ont des allocations de 8 % ou plus. En revanche, les allocations en actions sont à leur plus haut niveau depuis février, avec une position nette surpondérée de 28 %. Les actions technologiques dominent le positionnement, tandis que les positions longues sur l’or figurent également parmi les transactions les plus encombrées.
L’or n’est pas le seul actif négligé. Les cryptomonnaies sont notamment absentes des portefeuilles institutionnels, puisque les deux tiers des personnes interrogées n’en ont pas du tout alloué. Ceux qui sont exposés dans ce secteur maintiennent de petites positions, représentant en moyenne moins de 1 % de leurs actifs.
La perception du risque explique en partie cette réticence. Les résultats montrent que 26 % des personnes interrogées considèrent qu’une deuxième vague d’inflation constitue le risque extrême le plus important. 24 % des personnes interrogées ont également cité des inquiétudes concernant l’indépendance des banques centrales et la dégradation potentielle du dollar américain.
En comparaison, les craintes d’une guerre commerciale ont chuté de façon spectaculaire. Seulement 12 % des personnes interrogées classent désormais les tensions commerciales comme leur principale préoccupation, contre 29 % en août. L’attention s’est éloignée des chocs externes pour se concentrer sur les inquiétudes liées à la crédibilité monétaire.
La demande du secteur officiel a également ralenti cet été. Selon le World Gold Council, les achats des banques centrales étaient neutres en juillet, une vente indonésienne annulant les achats effectués ailleurs. Cette pause a été notable après trois années d’accumulation record, au cours desquelles les banques centrales ont ajouté plus de 1 000 tonnes par an.
La Chine reste une exception notable, les importations d’or non monétaire restant bien au-dessus de la moyenne quinquennale. La stratégie de Pékin est de diversifier ses réserves et de réduire sa dépendance au dollar américain. Ce flux constant garantit que, même si les allocations institutionnelles accusent un retard, le soutien structurel à l’or reste intact.
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