L’inégalité économique en Amérique aujourd’hui découle d’un tournant dans les années 1980 lorsque « les règles du jeu ont changé », a récemment averti Robert Reich, ancien secrétaire au Travail.
Lors d’une conversation franche le mois dernier au Progressive Forum de Houston au sujet de ses dernières mémoires, Reich a utilisé sa propre histoire pour expliquer comment l’Amérique est arrivée à ce qu’il décrit comme un point de rupture.
Le tournant de l’ère Reagan
« Les règles du jeu ont changé », a déclaré Reich en faisant référence au début des années 1980, expliquant comment l’administration Reagan a remodelé l’économie américaine d’une manière qui a eu des conséquences à long terme. « Jusqu’alors, le salaire médian continuait d’augmenter avec la productivité, » a déclaré Reich. Mais après cela, le salaire médian, c’est-à-dire le salaire des personnes se situant au milieu, a commencé à stagner et de plus en plus de richesses et de revenus de la nation sont allés vers le haut. »
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Reich a souligné une série de politiques de l’ère Reagan qu’il estime avoir déclenché ce changement : les réductions d’impôts pour les riches, l’affaiblissement de l’application des lois antitrust et la suppression des syndicats. Il a déclaré que ces changements avaient entraîné une lente érosion de la stabilité de la classe ouvrière et élargi le fossé entre riches et pauvres.
Reich a également cité le mémorandum Powell de 1971, rédigé par Lewis Powell — un avocat d’entreprise qui rejoindra plus tard la Cour suprême des États-Unis — comme un appel à la mobilisation des milieux d’affaires américains pour réaffirmer leur influence politique. « C’était le début, » a-t-il déclaré en faisant référence au pouvoir politique démesuré des entreprises aujourd’hui.
Trump est le résultat, pas la cause
Reich a soutenu que le président Donald Trump est un symptôme, pas la maladie. « Trump n’est pas la cause de ce dans quoi nous sommes. Il en est la conséquence. C’est le résultat final », a déclaré Reich. Les conditions qui l’ont créé, a-t-il soutenu, se préparent depuis des décennies.
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Il a raconté avoir voyagé à travers la Rust Belt en 2015 et avoir entendu le même refrain : les gens voulaient quelqu’un qui « secouerait le système ». Le fait que de nombreux électeurs aient envisagé à la fois le sénateur Bernie Sanders (I-VT) et Trump pour le poste de président a clairement indiqué à Reich que l’attrait n’était pas idéologique, mais qu’il était fondé sur l’authenticité et le désir de changement.
Une opportunité manquée du temps de Clinton
Reich a réfléchi à son époque en tant que secrétaire au Travail sous l’ancien président Bill Clinton, critiquant la décision de l’administration de donner la priorité à la réduction du déficit au détriment de l’investissement public. « J’ai eu l’impression qu’il succombait à une sorte d’illusion qui avait été créée par Wall Street, » a-t-il déclaré. En fin de compte, il n’a pas réussi à convaincre Clinton de faire avancer les investissements dans l’éducation, la formation professionnelle et les infrastructures.
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Pas le temps d’être cynique
Interrogé sur ce que les Américains peuvent faire, Reich a exhorté à l’action et à la résilience. « Il est tout à fait normal d’être déprimé, » a-t-il déclaré. « Mais il n’est pas approprié d’être cynique. Un cynique se nourrit du désespoir. Et ce que veulent les néofascistes, c’est que nous devenions cyniques. Ils veulent que nous renoncions. »
Reich a conclu avec un conseil aux jeunes générations : ne poursuivez pas le bonheur, poursuivez le sens. Il a parlé avec émotion de son fils, Sam, un décrocheur du lycée qui a fondé Dropout TV. « Aimez-les tout simplement, » a déclaré Reich au sujet de la parentalité. Aux Américains plus âgés, il a offert un message plus simple : « Nous maintenons notre dynamisme en étant passionnés. »
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