Le pays d’Afrique australe a obtenu 12 milliards de dollars d’investissements dans le secteur minier et les infrastructures en provenance de la Chine. Les accords, signés par le ministre des Mines du Malawi, Ken Zikhale Reeves Ng’oma, pourraient permettre à ce pays enclavé de rejoindre la chaîne de valeur des produits de base à l’échelle mondiale.
Le package de 12 milliards de dollars est divisé en deux transactions. Le premier est un accord de 7 milliards de dollars avec le Groupe Hunan Sunwalk pour développer des installations d’extraction et de traitement du titane à Salima, dans le centre du Malawi. Cet investissement étranger sans précédent comprend des engagements en matière de transfert de technologie, de développement des compétences locales et d’infrastructures sociales. La construction de capacités de traitement minéral aval devrait permettre la création de milliers d’emplois.
Le deuxième est un accord de 5 milliards de dollars avec Xidian International Stock Exchange, qui vise à créer une zone économique spéciale (ZES) dans en Chipoka, situé sur les rives du lac Malawi.
La ZES intégrera le développement minier, agro-industriel et des infrastructures, avec un milliard de dollars de projets prévus pour sa première année. En tant que futur centre logistique et de traitement, la ZES permettra au Malawi d’assumer son rôle de fournisseur de terres rares, de titane, de graphite et d’uranium, des minéraux essentiels aux technologies de l’énergie propre.
Malgré une base de ressources minérales diverses, il n’existe actuellement aucune exploitation significative, bien que plusieurs exploitants étrangers poursuivent des projets prometteurs.
- Lindian Resources (OTCPK: LINIF) fait avancer le projet de terres rares de Kangankunde, lequel bénéficie du soutien de plus de 120 millions de dollars de financement proposé par Ecobank, la Banque européenne d’investissement et the Gerald Group. Le projet doit devenir l’un des plus grands établissements de terres rares au monde dès le début de son exploitation en 2026.
- Lotus Resources (OTCQX:LTSRF) a obtenu 38,5 millions de dollars de banques sud-africaines pour le projet d’uranium de Kayelekera, visant une première production d’ici le troisième trimestre de 2025. Cette reprise de la mine, acquise auprès de Paladin Energy en 2020, positionne le Malawi comme un producteur notable d’uranium.
- Sovereign Metals (OTCQX:SVMLF), en partenariat avec Rio Tinto, accélère le projet Rutile-Graphite Kasiya, le plus grand dépôt de rutile et la deuxième plus grande réserve de graphite au monde. Le site devrait produire 245 000 tonnes de rutile et 288 000 tonnes de graphite par an, générant jusqu’à 16,4 milliards de dollars de revenus sur toute sa durée de vie.
Néanmoins, le Malawi est confronté à des défis économiques structurels, avec un PIB fortement tributaire de l’agriculture et de l’aide, et le secteur minier ne contribue que pour 1 % à l’économie. Cependant, les projections suggèrent que les exportations de minéraux pourraient atteindre 30 milliards de dollars entre 2026 et 2040, ce qui pourrait potentiellement porter la part de la production minière dans le PIB à 10 % d’ici 2030.
Cet investissement chinois stratégique met en lumière l’équilibre géopolitique plus large. Alors que des initiatives soutenues par l’Occident, telles que la modernisation du Corridor de Lobito en Angola et en Zambie et des accords miniers de maintien de la paix avec la RD du Congo, gagnent du terrain, la Chine renforce son influence au Malawi pour contrer le levier de l’Occident dans la région.
Le ministre Ng’oma devrait révéler de plus amples détails lors de la table ronde sur les minéraux critiques, qui aura lieu lors de l’African Mining Week, du 1er au 3 octobre au Cap, en Afrique du Sud.
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