Les principaux acteurs de l’industrie pharmaceutique américaine font pression pour obtenir des modifications des dispositions de négociation des prix des médicaments de Medicare, prévues par la loi de réduction de l’Inflation (IRA).
L’IRA confère à Medicare le pouvoir de négocier les prix des médicaments coûteux, ce qui pourrait permettre de réaliser des baisses de prix allant du minimum légal de 25% à 60%.
En septembre, le ministère de la Santé et des Services sociaux des États-Unis (HHS), par le biais des Centers for Medicare & Medicaid Services (CMS), a publié les orientations finales pour le second cycle du programme de négociation des prix des médicaments de Medicare.
L’initiative vise à garantir des prix de médicaments plus bas à partir de 2026 et 2027.
Le premier cycle de négociations a porté sur dix médicaments spécifiques.
Les bénéficiaires de Medicare pourraient économiser environ 1,5 milliard de dollars en frais personnels lorsque les nouveaux prix entreront en vigueur en 2026.
Les représentants de l’industrie cherchent à obtenir des changements sous une éventuelle administration Trump, dans le but de prolonger le délai d’éligibilité de certains médicaments pour les négociations, a souligné Reuters, citant des sources proches du dossier.
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D’ici février 2025, le CMS sélectionnera jusqu’à 15 médicaments supplémentaires pour le second cycle de négociations. Les médicaments sélectionnés feront l’objet de négociations en 2025, et les nouveaux prix entreront en vigueur en 2027.
Le président Joe Biden souhaite étendre le nombre de médicaments sur ordonnance éligibles aux négociations de prix de Medicare. Au lieu de la limite actuelle de 20 médicaments par an, il suggère de la porter à au moins 50. De plus, certains médicaments populaires pour la perte de poids et le diabète pourraient être ciblés lors du prochain cycle de négociations, qui est prévu pour 2027.
Un rapport de Reuters met en évidence que les lobbyistes et les cadres des principales entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques plaident en faveur d’un délai de quatre ans pour la négociation de l’éligibilité des médicaments à petites molécules, tels que les comprimés, qui représentent la majorité des médicaments.
En vertu des règles actuelles, ces médicaments font l’objet de négociations neuf ans après leur lancement, contre 13 ans pour les médicaments biologiques. Les fabricants de médicaments font valoir que ce calendrier décourage l’innovation pour des thérapies plus abordables et plus pratiques.
Depuis son adoption en 2022, l’IRA a suscité des critiques de l’industrie, lesquelles affirment qu’elle pourrait entraver la recherche et le développement.
Par ailleurs, les principaux groupes pharmaceutiques impliqués dans les premières négociations aux États-Unis sur les prix des médicaments de Medicare s’attendent à un impact commercial limité, malgré les baisses de prix anticipées.
Certains laboratoires pharmaceutiques ont directement travaillé avec les membres de l’équipe de transition du président élu Donald Trump pour proposer des amendements à l’IRA.
Ces sociétés espèrent que les majorités républicaines au Congrès seront réceptives à l’alignement des délais de négociation pour tous les médicaments, et à la suppression des distinctions entre les médicaments et les biologiques.
Tout le monde n’est pas d’accord avec la position de l’industrie. Le rapport cite S. Sean Tu, professeur de droit à l’Université de Virginie-Occidentale, qui affirme que les modifications proposées avantagent injustement les sociétés pharmaceutiques. Il a déclaré à Reuters que la période d’exclusivité de neuf ans déjà en vigueur encourage l’innovation et prévient qu’un prolongement de ce délai pèserait davantage sur les patients sans leur offrir d’avantages significatifs.
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Photo de Martin Gregor via Shutterstock