Financer la Transition: Comment diriger les capitaux vers une économie neutre en carbone

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Un nouveau rapport de la Commission pour la transition énergétique (CTE) évalue les besoins en termes de financement lies a la transition énergétique et cible les politiques nécessaires pour leur attribution

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LONDRES, 21 mars 2023 /PRNewswire/ — Selon la Commission pour la transition énergétique (CTE), les investissements dans les énergies propres devront être multipliés par quatre au cours des deux prochaines décennies. Dans son dernier rapport intitulé « Financer la Transition: Comment diriger les capitaux vers une économie neutre en carbone », la CTE souligne en effet l’importance  de politiques gouvernementales ambitieuses ancrées à la fois dans l’économie réelle et dans le système financier, afin de libérer les investissements requis. Elle détermine également dans ce rapport les aides nécessaires, en termes de subventions publiques destinées non seulement à accompagner l’élimination accélérée des énergies fossiles, mais aussi à mettre fin à la déforestation et à financer l’élimination des émissions carbone.

New Energy Transitions Commission Report, Financing the Transition

La Commission pour la transition énergétique estime qu’environ 3 500 milliards de dollars par an d’investissements en capital seront nécessaires en moyenne, d’ici à l’horizon 2050, pour construire une économie mondiale totalement dépourvue d’émissions carbone, contre 1 000 milliards de dollars par an actuellement. Sur ce montant, 70 % sont nécessaires pour la production, le transport et la distribution d’électricité à faible teneur en carbone, qui sous-tendent la décarbonisation dans presque tous les secteurs de l’économie.

Les politiques publiques les plus impactantes devront prévoir des incitations massives pour accélérer l’afflux de capital privé dans la transition énergétique. Il est nécessaire de se fixer des objectifs ambitieux d’ici 2030, aussi bien concernant la production des énergies renouvelables que la maîtrise des cours du carbone et la régulation des produits dérivés, ceci afin d’encourager la décarbonation à la fois dans l’industrie lourde, l’aviation et le transport maritime. Cet objectif passe aussi par des mesures d’interdiction de commercialisation des moteurs à combustion interne(par exemple, à l’horizon 2035 au plus tard).

Il conviendra également d’intégrer un certain nombre de règlementations financières,  avec des incitations fiscales ciblées en faveur du développement et du déploiement anticipé de nouvelles technologies, ainsi que des engagements de décarbonisation de la part des institutions financières.

Indépendamment du capital privé, des  financements publics seront également indispensables pour parvenir à contrebalancer le coût économique de l’élimination accélérée des énergies fossiles, mais aussi pour financer les mesures de lutte contre la déforestation et pour l’élimination d’émissions carbone.

« Les financements ciblés sont la clé d’un environnement dépourvu d’émissions carbone et d’une limitation de ses effet sur le changement climatique. Les investissements privés, ajoutés à ceux provenant des gouvernements et des organismes philanthropiques, sont incontournables pour assurer un financement à grande échelle et pour redistribuer les flux financiers à travers le monde, nous permettant ainsi de concrétiser ces objectifs et de créer les conditions d’une économie mondiale décarbonisée », déclare Adair Turner, président de la Commission pour la transition énergétique.

Accélération des investissements et un rôle pour l’épargne

Une partie des financements nécessaires sera compensée par une réduction des investissements dans les énergies fossiles, ce qui devrait réduire le besoin de financement de 3 500 milliards à 3 000 milliards de dollars nets par an. Ce montant représente 1,3 % du PIB moyen prévisionnel mondial sur les 30 prochaines années. Ces investissements permettront également de bâtir un réseau énergétique dont les coûts d’exploitation seront bien inférieurs à leurs coûts actuels, ce qui permettrait de réaliser une économie annuelle de 2 000 à 3 000 milliards de dollars d’ici 2050, en fonction de l’évolution des cours des énergies fossiles. Une grande partie de ces investissements serait toutefois nécessaire pour soutenir la croissance économique des pays à revenu faible et intermédiaire, indépendamment des seuls objectifs liés au changement climatique.

Le coût différentiel réel de l’investissement requis est donc bien inférieur au besoin d’investissement brut. Il n’en demeure pas moins que, quel que soit le volume des capitaux mobilisés et décaissés, ces investissements devront nécessairement passer par des politiques ambitieuses ancrées dans l’économie réelle et par des interventions destinées à soutenir l’effort financier des pays à revenu faible et intermédiaire.

La transition énergétique requiert des capitaux importants, dont on pense atteindre la demande maximale aux environs de 2040, avant de revenir à un taux de remplacement des actifs plus faible.

Financement mondial : inciter l’investissement

Il y a suffisamment de capitaux au niveau mondial pour financer la transition énergétique. Bien que l’investissement dans la transition se heurte à des difficultés à court terme (par exemple, des taux d’intérêt élevés), les énergies renouvelables sont moins chères que les combustibles fossiles pour plus de 95 % des marchés mondiaux d’électricité, et il existe désormais un intérêt significatif pour investir dans la sécurité énergétique et les économies d’énergie.

Les taux d’investissements nécessaires diffèrent selon le niveau de revenu des pays. Dans les économies à revenu élevé et en Chine, les investissements annuels nécessaires à la mise en place d’une économie décarbonisée devront doubler d’ici à 2030. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, ils devront être multiplier par quatre d’ici à 2030.

Dans l’ensemble des pays, ces financements ne pourront provenir des organismes de financement et des investisseurs privés que si des politiques publiques ciblées créent les conditions propices dans l’économie réelle. Toutefois, même dans les pays à revenus élevés, les institutions financières et les pouvoirs publics devront prendre une plus grande place dans le financement de certains types d’investissements, tels que le déploiement de technologies innovantes, la rénovation de l’habitat, ou encore l’installation d’infrastructures collectives, parmi lesquelles on peut citer les réseaux de transport et de distribution de l’hydrogène ou les réseaux de captage et de stockage du carbone.

Si l’on estime que la vaste majorité des investissements proviendront de capitaux privés, des investissements publics seront nécessaires – et ceci même dans les pays à haut niveau de revenu. Ce sera notamment le cas pour permettre le déploiement de nouvelles technologies, les infrastructures partagées (par exemple, les réseaux de transport et de distribution d’hydrogène et de capture et de stockage du carbone et la rénovation des bâtiments résidentiels).

Dans certains pays à revenu faible ou intermédiaire moyen, les capitaux privés ne peuvent à eux seuls garantir un investissement suffisant, compte tenu des défis posés par les risques macroéconomiques élevés – réels ou perçus – les niveaux d’épargne domestique et d’autres facteurs qui augmentent le coût et réduisent l’offre de financement privé. Une augmentation significative des flux financiers internationaux vers certaines économies à faible revenu est donc nécessaire. Comme l’indique le rapport Songwe-Stern, une augmentation substantielle des financements provenant des banques multilatérales de développement (BMD) est requise, ainsi que des changements dans la stratégie et l’approche des BMD afin d’accroitre la mobilisation d’investissements privés beaucoup plus importants.

Les actions des institutions financières et des changements des réglementation ciblées peuvent accélérer la réaffectation des capitaux. Les institutions financières doivent élaborer des plans de transition pour atteindre une économie décarbonisée afin de soutenir la mobilisation et la réaffectation des capitaux vers des actifs et des technologies à faible émissions carbone. Les réglementations financières doivent garantir la transparence financière et l’élaboration de stratégie de gestions des risques climatiques.

Rôle primordial des subventions publiques ou des dotations préférentielles

Si des politiques adéquates sont en place, les capitaux investis seront rentables pour les investisseurs. Mais certains des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre entraîneront un coût économique plus élevé. On pense notamment à l’élimination accélérée du charbon, là où cette énergie demeure encore compétitive par rapport aux énergies renouvelables. Il en est de même de l’arrêt de la déforestation profitables pour certains propriétaires terriens ou entreprises locales, ainsi que des efforts pour intensifier la suppression des émissions de dioxyde de carbone.

D’où la nécessité de recourir à des subventions publiques pour compenser ces coûts économiques, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (à l’exception toutefois de la Chine). Si les différents acteurs internationaux veulent atteindre l’objectif d’un réchauffement climatique limité à 1,5°C, ces aides publiques devront s’élever à environ 300 milliards de dollars par an d’ici 2030. Ces fonds pourraient, en théorie, provenir à la fois des entreprises du secteur carboné, mais aussi d’initiatives ou d’organisations philanthropiques et de pays à revenu élevé.

D’ici à 2030, ces paiements pourraient s’élever à

  • Environ 25 à 50 milliards de dollars par an pour parvenir à une élimination rapide des actifs existants liés au charbon, ces paiements devant être ramenés à zéro d’ici 2040.
  • Environ 130 milliards de dollars par an pour mettre fin à la déforestation d’ici 2030 – mais potentiellement beaucoup plus si la consommation de viande rouge continue à augmenter. L’ampleur de ces paiements pose la question de leur allocation, par exemple en soutenant directement les gouvernements désireux d’imposer des interdictions contre la déforestation.
  • Environ 100 milliards de dollars par an pour financer l’élimination du carbone. Dans un premier temps, il s’agira principalement de solutions naturelles telles que la reforestation, mais dans les années 2030/40, les solutions techniques telles que le captage direct du carbone dans l’air et son stockage (DACCS) joueront un rôle de plus en plus important.

La version intégrale du rapport est consultable à l’aide du lien suivant : https://www.energy-transitions.org/publications/financing-the-transition/ .

FIN DU COMMUNIQUÉ

Notes à l’attention des rédacteurs

Ce rapport représente la vision collective de la Commission pour la transition énergétique. Ses membres approuvent l’ensemble des conclusions et arguments qui y sont développés, mais ils ne sauraient être considérés comme soutenant chacune de ses conclusions ou recommandations. Il n’a pas été demandé aux institutions auxquelles sont affiliés les membres de la Commission d’approuver formellement ce rapport.

Pour de plus amples informations sur la Commission pour la transition énergétique (CTE), veuillez consulter le site : https://www.energy-transitions.org.

Le lien vers le rapport et les infographies est disponible à l’adresse suivante : https://www.energy-transitions.org/publications/financing-the-transition/

Pour consulter la liste complète des commissaires, membres de la CTE, cliquez ici.

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