Un rôle vital mais limité pour processus de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS) parallèlement à une électrification propre et rapide pour une économie carboneutre

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NOUVEAU RAPPORT DE LA COMMISSION SUR LES TRANSITIONS ÉNERGÉTIQUES

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LONDRES, 15 juillet 2022 /PRNewswire/ — Dans son dernier rapport intitulé Carbon Capture, Utilisation and Storage in the Energy Transition: Vital but Limited, l’ETC décrit le rôle complémentaire que joue le processus de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS) aux côtés de l’électricité zéro-carbone, de l’hydrogène propre et des bioressources durables à faible émission de carbone pour assurer une économie carboneutre d’ici le milieu du siècle.

 

Carbon capture, utilisation and storage in the energy transition: Vital but limited

 

L’électrification massive et propre est l’épine dorsale de la décarbonisation mondiale. Cependant, les effets combinés de l’électrification, de l’hydrogène et de la bioénergie durable à faible teneur en carbone ne permettent pas de réduire complètement les émissions brutes à zéro. De plus, il est presque certain que les émissions cumulatives de CO2 d’ici 2050 dépasseront le « budget carbone » qui, s’il était respecté, permettrait de tenir l’objectif climatique de 1,5 °C. Ainsi, pour limiter les hausses de température à 1,5 °C, il faudra des éliminations de carbone parallèlement à des réductions importantes et rapides des émissions.

Le processus de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS) doit donc jouer trois rôles dans la transition énergétique. S’ils sont limités, ces rôles n’en sont pas moins vitaux :

  1. Décarboniser les secteurs où les solutions de rechange sont limitées d’un point de vue technique (p. ex., les procédés industriels qui, par leur nature, produisent du CO2 comme le ciment);
  2. Réaliser une partie des éliminations de carbone qui sont nécessaires en plus de la décarbonisation rapide si l’on veut atteindre les objectifs climatiques mondiaux;
  3. Et fournir une solution de décarbonisation à faible coût dans certains secteurs et régions où le processus CCUS est avantagé économiquement par rapport à d’autres options de décarbonisation à l’échelle locale; des solutions pour lesquelles le carbone capturé pourrait être un intrant utile pour un produit peuvent également être envisagées.

« En tant que technologie à faible émission de carbone, mais non nulle, le CCUS a un rôle complémentaire à jouer dans la décarbonisation, parallèlement à l’électrification propre massive, à l’hydrogène et aux bioressources durables. Le gouvernement, les entreprises et les investisseurs doivent désormais prendre des mesures collectives pour s’assurer que le processus CCUS peut prendre de l’expansion et jouer ce rôle vital, mais limité, dans la décarbonisation industrielle et assurer l’élimination de certaines des émissions de carbone essentielles au maintien de la température de 1,5 °C », a déclaré Adair Turner, président, ETC.

Le processus CCUS et la voie vers la carboneutralité

Le rapport de l’ETC évalue les rôles que le processus CCUS doit jouer sur la voie de la carboneutralité et ce qui doit se produire pour s’assurer qu’il peut le faire. Les principales conclusions sont les suivantes :

  • D’ici 2050, le monde devra probablement capter et utiliser ou stocker de 7 à 10 Gt/an de CO2 (ce qui équivaut à environ 18 à 25 % des émissions actuelles de CO2) :
      – Sur ce volume, 3-5 Gt de CO2/an seront nécessaires pour atteindre la carboneutralité dans les applications industrielles et énergétiques (telles que la production de ciment, d’acier et d’hydrogène) où l’utilisation d’électricité, d’hydrogène ou de la bioénergie durable à faible teneur en carbone ne fournit pas une solution complète à la décarbonisation. Cette utilisation du processus CCUS compenserait la consommation continue de 9 millions de barils de pétrole par jour (90 % de moins qu’aujourd’hui) et de 2 700 milliards de mètres cubes (mmc) de gaz par année (plus de 30 % de moins qu’aujourd’hui) tout en mettant en place une économie à émissions nulles.
     – 4-5 Gt de CO2/an seront nécessaires pour procéder à l’élimination artificielle du dioxyde de carbone.
  • Sous réserve que des règlements rigoureux soient en place, le processus de CCUS peut être techniquement fiable – atteindre des taux de capture de CO2 de 90 % et plus, et verrouiller solidement le carbone pour de longues durées. Ces résultats peuvent être obtenus à des coûts qui permettent à ce processus de jouer un rôle économiquement utile sur la voie de la carboneutralité.
  • Le rythme actuel de développement du processus de CCUS est bien en deçà des besoins. Cela reflète les confusions passées concernant l’identification des besoins prioritaires en matière de CCUS, les investissements inadéquats et les controverses qui ont suscité une opposition de l’opinion publique.
  • Une combinaison d’investissements privés et de politiques publiques de soutien est nécessaire pour faire en sorte que le processus de CCUS puisse jouer son rôle vital, mais limité, à l’avenir.

De la nécessité d’accélérer les progrès dans les années 2020

Aujourd’hui, seulement 40 Mt/an de dioxyde de carbone sont capturés dans environ 30 installations. La croissance a été lente avec de multiples annulations de projets. Cela reflète en partie l’amélioration de la rentabilité des autres voies de décarbonisation, mais aussi les échecs en matière de politique et de coordination qui doivent être corrigés à l’avenir. Un déploiement précoce dans les années 2020 est essentiel pour atteindre une capacité suffisante d’ici 2050 et réduire les coûts globaux. Une grande partie de la croissance – en particulier celle du captage direct du carbone dans l’air ou DACC (Direct Air Carbone Capture) se produira après 2030, mais il faudra faire des progrès importants dans les années 2020 pour rendre cette construction possible.

Une trajectoire de déploiement plausible mais ambitieuse pourrait voir une capacité de captage du carbone de 0,8 Gt de CO2/an d’ici 2030 dans un ensemble de technologies, sur plus de 300 installations. Pour y parvenir, les gouvernements et l’industrie devront prendre des mesures afin de réduire le temps de développement des projets, développer des infrastructures de transport et de stockage partagées, et accélérer les investissements.

Investissement dans le processus CCUS

L’investissement total dans l’infrastructure CCUS est estimé à 5 billions de dollars d’ici 2050. Cela représente moins de 5 % de l’investissement total nécessaire pour la transition énergétique et l’équivalent de 0,1 % du PIB mondial prévu pour cette période. Au cours de la prochaine décennie, la majeure partie de l’investissement (90 %) sera consacrée à la capture, au transport et au stockage de sources ponctuelles, seulement environ 10 % seront liés au DACC. Les investissements en matière de DACC augmenteront toutefois au cours des décennies suivantes.

La majorité des coûts associés au CCUS sont liés au captage du CO2 et reflètent généralement la concentration de CO2 dans le flux gazeux, les sources plus diffuses (p. ex., l’air) nécessitant plus d’énergie pour isoler le CO2 que les sources à plus forte concentration (p. ex., les processus industriels fossiles). Le secteur privé peut financer la plupart des coûts, l’industrie et les gouvernements jouant un rôle dans l’élaboration d’incitatifs (p. ex., tarification du carbone, produits à faibles émissions de carbone) et le développement d’infrastructures de transport et de stockage partagées par l’intermédiaire de centres industriels.

« Reconnaissant que le CUSC est un outil essentiel dans le portefeuille de la décarbonisation, aux côtés d’autres outils comme l’accélération de l’électrification propre, le gouvernement doit agir immédiatement, les entreprises et les investisseurs pour concrétiser les plans et accroître le déploiement du processus de CCUS à forte capture au cours de la prochaine décennie. La réduction du temps de développement, une réglementation rigoureuse, un investissement accru et des modèles d’infrastructure partagés sont tous essentiels pour rendre cela possible », a déclaré Ita Kettleborough, directrice, ETC.

6 actions clés du gouvernement, des entreprises et du secteur financier dans les années 2020

L’action collective du gouvernement, des entreprises et des investisseurs est essentielle pour atteindre l’échelle de CCUS nécessaire au cours de la prochaine décennie. Voici six mesures essentielles à prendre au cours des années 2020 :

  1. Surmonter la prime verte pour rendre le déploiement du CCUS économiquement viable grâce, par exemple, à la tarification du carbone, à un soutien financier au stade initial, au besoin – par l’intermédiaire d’une combinaison de mécanismes gouvernementaux et industriels (p. ex., normes relatives aux produits à faibles émissions de carbone, coalitions d’acheteurs, mécanismes d’approvisionnement).
  2. Développer des infrastructures habilitantes telles que des pipelines de transport partagés et des sites de stockage. Le gouvernement et l’industrie peuvent créer des centres de CCUS qui permettent des économies d’échelle.
  3. Cibler la R-D et le soutien au déploiement vers les technologies de captage élevé de la prochaine génération de technologies de CCUS, et développer des modèles commerciaux novateurs, comme le captage du carbone en tant que service.
  4. Réglementer et gérer les risques afin d’assurer un développement responsable et sécurisé du processus CCUS en attribuant la responsabilité à long terme des sites de stockage et en appliquant des pénalités significatives en cas de fuite.
  5. Établir des normes et des règlements pour assurer des taux élevés de captage du CO2, tout en élaborant des pratiques exemplaires transparentes de surveillance du CCUS.
  6. Obtenir l’appui de la population quant au rôle approprié du processus CCUS en tant que technologie à faibles émissions de carbone en articulant un rôle stratégique clair, mais limité, pour le CCUS, et la transparence en matière de rendement.

Pour accéder au rapport complet, rendez-vous sur le site :

https://www.energy-transitions.org/publications/carbon-capture-use-storage-vital-limited/

Notes aux éditeurs

Ce rapport présente une vision collective de la Commission des transitions énergétiques. Les membres de l’ETC approuvent l’orientation générale des arguments avancés dans ce rapport mais ne doivent pas être considérés comme étant d’accord avec chaque conclusion ou recommandation. Il n’a pas été demandé aux institutions auxquelles les commissaires sont affiliés d’approuver officiellement le rapport.

Pour plus d’informations sur l’ETC, veuillez consulter : https://www.energy-transitions.org.

Pour accéder au rapport et aux infographies (lien), consultez le site suivant :

https://www.energy-transitions.org/publications/carbon-capture-use-storage-vital-limited/ 

Pour obtenir le glossaire complet des termes, veuillez consulter le rapport complet.

Le processus CCUS est parfois associé uniquement au captage des émissions provenant de combustibles fossiles ou de sources industrielles ponctuelles. Toutefois, aux fins du présent rapport, nous incluons le captage direct du carbone dans l’air (DACC) et la bioénergie avec captage du carbone (BECC) comme formes de technologie de captage et de stockage du carbone. Ces deux technologies peuvent produire des émissions négatives et sont des formes d’élimination du dioxyde de carbone.

Pour obtenir la liste complète des citations à l’appui, rendez-vous sur le site : https://drive.google.com/file/d/11SduXXfC9_5S0hceugDxwCh6GtU3AEII/view?usp=sharing.

Pour consulter la liste complète de nos commissaires, rendez-vous sur le site : https://drive.google.com/file/d/1nQOEXhK9NVIrUvQ4E7Wpz1VP_VK5QXtM/view?usp=sharing.

 

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