Menaces écologiques et menaces sur la paix : 1,26 milliard de personnes sont les plus exposées au risque de conflits et de déplacements en raison de dommages environnementaux

11 min de lecture

LONDRES, 21 octobre 2021 /PRNewswire/ — Ce jour marque le lancement du deuxième rapport sur les menaces écologiques (ETR) du groupe de réflexion international, l’Institute of Economics and Peace (IEP).

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Résultats clés

  • Onze des 15 pays présentant les pires menaces environnementales sont actuellement classés comme étant en conflit. Quatre autres pays sont classés comme présentant un risque élevé de menaces significatives pesant sur la paix, ce qui met en évidence la relation entre la dégradation des ressources et la naissance d’un conflit.
  • D’ici 2050, la moitié de la population mondiale vivra dans les 40 pays les moins pacifiques. Il s’agira d’une augmentation de 1,3 milliard de personnes par rapport aux chiffres de 2020.
  • Les données d’un nouveau sondage mondial révèlent que seulement 23 % des citoyens chinois considèrent le changement climatique comme une menace sérieuse, ce qui en fait le 7e pays le moins concerné.
  • L’insécurité alimentaire mondiale a augmenté de 44 % depuis 2014, touchant 30,4 % de la population mondiale en 2020, et devrait continuer d’augmenter.
  • La pandémie de COVID-19 a accru l’insécurité alimentaire et empêché les réfugiés de rentrer chez eux.
  • En 2020, le conflit a coûté 600 milliards de dollars à l’économie mondiale. L’ETR montre que les négociations de la COP26 doivent approuver le financement de la résilience aux « points chauds » écologiques avant que les facteurs de conflit ne s’intensifient.

L’ETR analyse un large éventail d’indicateurs associés au risque écologique, notamment la disponibilité de la nourriture et de l’eau, la croissance démographique et la résilience sociétale, afin de mieux comprendre les pays les plus exposés aux risques de détérioration significative de la paix.

Conflits et menaces écologiques

La principale conclusion de l’ETR 2021 est qu’il existe une relation cyclique entre la dégradation écologique et la naissance d’un conflit. Il s’agit d’un cercle vicieux, où la dégradation des ressources mène à des conflits, qui entraînent une dégradation accrue des ressources. Onze des 15 pays affichant les pires scores ETR connaissent actuellement des conflits. Quatre autres pays sont classés comme présentant un risque élevé de dégradation importante de la paix. Si ces cycles ne sont pas inversés, de nombreux autres pays risquent de basculer dans un conflit.

Pour inverser ces cycles, l’environnement écologique et la résilience sociétale doivent être améliorés, ce qui nécessite une approche systémique. Une réévaluation doit donc être menée sur la façon dont le développement est entrepris actuellement.

Soulignant la gravité du constat, le nombre de personnes souffrant de malnutrition augmente régulièrement depuis 2016 et devrait augmenter de 343 millions d’ici 2050, créant ainsi un autre moteur de conflit. L’insécurité alimentaire a également augmenté et touche désormais 30,4 % de la population mondiale, selon la FAO[1]. C’est le renversement d’une tendance qui s’étendait sur plusieurs décennies et qui avait vu la sous-alimentation perdre régulièrement du terrain. La malnutrition est pire pour les hommes, surtout en Afrique où deux fois plus d’hommes souffrent de maigreur que de femmes. En outre, le retard de croissance est pire chez les garçons que chez les filles.

Trois régions du monde sont les plus exposées au risque d’effondrement de la société en raison de l’insécurité alimentaire, du manque d’eau, de la croissance démographique et des conséquences des catastrophes naturelles. La ceinture Sahel-Corne de l’Afrique, de la Mauritanie à la Somalie ; la ceinture Afrique australe, de l’Angola à Madagascar ; la ceinture Moyen-Orient et Asie centrale, de la Syrie au Pakistan. Il devient urgent de venir en aide à ces régions.

C’est en Afrique subsaharienne que la prévalence de l’insécurité alimentaire est la plus élevée, avec 66 % de la population jugée en situation d’insécurité alimentaire. D’ici 2050, la population de l’Afrique subsaharienne devrait atteindre 2,1 milliards d’habitants, soit une augmentation de 90 % par rapport à la population actuelle. Cette région dispose en outre des mesures les plus pauvres en matière de résilience sociale.

Le Sahel est le prochain point focal d’un éventuel effondrement de la société, comme le démontre la récente prolifération de groupes islamiques radicaux. Le Niger et le Burkina Faso figurent actuellement parmi les pays les moins pacifiques du monde (mesurés par l’indice mondial de la paix ou IMP) et figurent parmi les pays présentant les pires scores d’ETR.

Menace écologique et migrations

L’ETR a constaté que plus de 1,26 milliard de personnes vivent dans 30 pays en tension, présentant à la fois des risques écologiques extrêmes et de faibles niveaux de résilience. Ces pays sont les moins susceptibles de pouvoir atténuer et s’adapter aux nouvelles menaces écologiques, qui sont susceptibles de provoquer des déplacements massifs de populations.

En 2020, le nombre de personnes déplacées par les conflits n’a cessé d’augmenter, avec 23,1 millions de personnes en provenance des pays en tension vivant hors de leur pays d’origine. L’Europe accueillait le plus grand nombre de personnes déplacées en provenance des pays en tension, soit 6,6 millions. Ces chiffres devraient augmenter de dizaines de millions à mesure que la dégradation écologique et le changement climatique s’installent.

Steve Killelea, fondateur et président exécutif de l’Institute for Economics and Peace, affirme :

« La COP26 offre aux dirigeants une occasion idéale de reconnaître qu’il faut s’attaquer aux menaces écologiques d’aujourd’hui avant que le changement climatique ne les accélère considérablement. Les mesures pour lutter contre le changement climatique seraient alors démultipliées, ce qui coûterait des billions de dollars supplémentaires.

« La solution à ces problèmes réside dans une approche plus systémique, en partie par l’intégration consciente des agences de développement. Les problèmes liés aux conflits, à l’insécurité alimentaire et hydrique, au déplacement, au développement des entreprises, à la santé, à l’éducation et au changement climatique, sont interreliés et l’interdépendance de ces relations doit être reconnue pour qu’on puisse mieux y faire face. »

Attitudes à l’égard du changement climatique

Un nouveau sondage mené auprès de plus de 150 000 personnes dans 142 pays a révélé que les principaux émetteurs de dioxyde de carbone sont les pays où les citoyens sont le moins préoccupés par les changements climatiques. Ces pays comptent également parmi ceux qui sont les plus peuplés au monde. Seulement 23 % des citoyens chinois considèrent le changement climatique comme une menace très grave, tandis que l’Inde n’en a enregistré que 35 %. La moyenne mondiale était de 49,8 %, les hommes étant légèrement plus préoccupés que les femmes (à raison de 2 % de plus)[2].

Sans l’adhésion des citoyens de ces pays, il est peu probable que l’action contre les changements climatiques soit efficace.

Les pays hispanophones et lusophones ont obtenu les meilleurs résultats et occupé 12 des 20 premières places. Les pays plongés dans des conflits ont obtenu de piètres résultats, le Yémen, l’Éthiopie, l’Égypte et le Myanmar affichant les pires scores.

Les États-Unis ont obtenu un score proche de la moyenne mondiale de 49,2 %, tandis que le Royaume-Uni a obtenu un score relativement élevé de 69,9 %.

C’est en Norvège, en Suède et en Finlande que la disparité entre les sexes a été la plus marquée, les femmes obtenant respectivement 21 %, 18 % et 13 % de plus que les hommes.

Insécurité alimentaire

Depuis 2014, le nombre de personnes n’ayant pas accès à une alimentation adéquate dans le monde a augmenté chaque année, ce qui représente une augmentation de 44 %. L’augmentation de l’insécurité alimentaire est associée à la détérioration des conditions favorisant la paix.

D’ici 2050, la demande alimentaire mondiale devrait augmenter de 50 %.

En raison de l’isolement et de la fermeture des frontières, la pandémie de COVID-19 a amplifié l’insécurité alimentaire et aura probablement un effet négatif durable sur la faim dans le monde en raison de la stagnation de la croissance économique.

Stress hydrique

L’ETR révèle que d’ici 2040, plus de 5,4 milliards de personnes vivront dans des pays confrontés à un stress hydrique extrême. Le Liban et la Jordanie sont les pays les plus menacés.

L’Afrique subsaharienne compte le plus grand nombre de pays affichant les niveaux de résilience sociale les plus faibles, combinés à la plus forte croissance démographique. Dans cette région, 70% de la population souffre d’un accès inadéquat à une eau gérée de manière sûre, ce qui sera aggravé par une forte croissance démographique.

Renforcement de la résilience écologique

L’IEP a travaillé avec 60 acteurs politiques majeurs pour élaborer des recommandations politiques qui favorisent la résilience écologique mondiale. Était notamment incluse la recommandation de regrouper la santé, l’alimentation, l’eau, l’aide aux réfugiés, les finances, l’agriculture et le développement des entreprises en un seul organisme intégré dans les zones à haut risque. Cette démarche reconnaît la nature systémique des problèmes et des solutions, et permettrait une allocation plus efficace des ressources et une prise de décision plus rapide en fonction de la zone géographique des besoins.

Bien que des interventions militaires soient nécessaires, elles ne résoudront pas les problèmes écologiques sous-jacents qui alimentent les conflits. La leçon à tirer de l’Afghanistan, c’est qu’en l’absence de dépenses de développement bien planifiées et exécutées, il est impossible d’obtenir la paix. La récente chute de l’Afghanistan dans les mains des talibans met en lumière les limites de l’armée et expose une stratégie de dépenses erronée. Il est estimé que les dépenses totales du gouvernement fédéral américain en Afghanistan représentent 2 261 billions de dollars, soit 50 000 $ pour chaque citoyen afghan vivant actuellement dans le pays. Cette somme correspond à plus de 100 fois le revenu annuel moyen des Afghans.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site www.economicsandpeace.org.

*Les 11 pays affichant le pire score ETR sont l’Afghanistan, le Niger, Madagascar, le Malawi, le Rwanda, le Burundi, le Guatemala, le Mozambique, le Pakistan, l’Angola et le Yémen.

NOTES À L’INTENTION DES ÉDITEURS

À propos de l’Ecological Threat Report (ETR)

Il s’agit de la deuxième édition de l’Ecological Threat Report (ETR), qui analyse 178 pays et territoires indépendants. L’ETR est fondé sur une approche unique consistant à combiner des mesures de résilience avec les données écologiques disponibles les plus complètes pour mettre en lumière les pays qui ont le moins de chance de résister aux chocs écologiques extrêmes, aujourd’hui et à l’avenir.

Méthodologie

L’ETR comprend des données issues des recherches scientifiques les plus récentes et les plus respectées dans les domaines de la croissance démographique, du stress hydrique, de l’insécurité alimentaire, des sécheresses, des inondations, des cyclones et de la hausse des températures. De plus, le rapport utilise le cadre de l’IEP pour une paix positive afin de déterminer les régions où la résilience est probablement trop faible pour s’adapter ou résister à ces chocs futurs. Le rapport s’appuie sur un large éventail de sources de données, notamment la Banque mondiale, l’Institut des ressources mondiales, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le Centre de surveillance des déplacements internes, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, l’Organisation internationale pour les migrations et l’IEP.

À propos de l’Institute for Economics and Peace

L’IEP est un groupe de réflexion international indépendant dont le but est de porter l’attention du monde sur la paix en tant que mesure positive, tangible et atteignable pour le bien et le progrès de l’humanité. Il possède des bureaux à Sydney, New York, La Haye et Mexico.

[1] Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

[2] Analyse IEP, données sources de l’étude Lloyds Register Foundation World Risk Poll